L’INSA Rennes est la plus importante école publique d’ingénieurs de Bretagne. 2040 étudiants et apprentis y sont accueillis. Plus de 340 ingénieurs, 60 étudiants de masters et 40 docteurs y sont diplômés par an. Composé de 9 départements d’enseignement, 8 spécialités d’ingénieurs dont 2 par apprentissage, et tutelle de 7 laboratoires de recherche, l’INSA emploie environ 540 agents publics (enseignants chercheurs, enseignants, BIATSS) et plus de 70 vacataires venant des entreprises.
La transition énergétique se déroule en Bretagne de manière de plus en plus conflictuelle avec une multiplication de controverses autour du déploiement de l’éolien en mer, à terre, de la méthanisation ou de la possible (ré)ouverture de mines de métaux rares et/ou critiques. Si ces tensions ont souvent été étudiées sous l’angle de « l’acceptabilité sociale », le projet ERVAT e Breizh (Etude des Représentations, Valeurs et Attachements pour une Transition juste en Bretagne) souhaite les aborder sous l’angle des injustices environnementales que les politiques de transition peuvent engendrer et qui ont déjà pu être identifiées par la littérature, notamment dans les pays du sud (Blanc, 2020; Kumar et al., 2021). Or, force est de constater que les risques d’exclusions de populations parfois minorisées, ou des impacts sur l’environnement et singulièrement sur la biodiversité sont régulièrement pointés du doigt, y compris par des acteurs pourtant favorables à la transition énergétique. Parallèlement, une demande croissante des industriels ou des institutions publiques pour étudier « l’acceptabilité » des projets participant de la transition énergétique est constatée, ce qui invite les Sciences Humaines et Sociales, et singulièrement les Science and Technology Studies (STS) à comprendre la manière dont s’instaurent les dynamiques de justice et d’injustice environnementale dans les projets de transition énergétique.
Le projet part de l’hypothèse que les injustices environnementales constatées dans le développement des technologies de la transition énergétique trouvent en partie leur origine dans les pratiques et imaginaires socio-techniques à l’œuvre dans les mondes d’ingénieur.es (continuité de pratiques du passé, perpétuation de logiques croissantistes et extractivistes, habitudes et routines, verrous règlementaires etc.). Il croise en ce sens les travaux de Sheila Jasanoff sur les imaginaires socio-techniques (Jasanoff, 2004; Jasanoff & Kim, 2009), les travaux issus de la construction sociale des techniques (Winner, 1980) et des promesses techno-scientifiques (Joly, 2015; Le Renard, 2015) pour comprendre la manière dont se constituent ces technologies mais également leurs valeurs, implications sociales et politiques.
Le·a postdoc aura pour mission, à travers un ensemble d’études de cas en Bretagne (entendue comme la Bretagne à 5 départements) de documenter les dynamiques de production des injustices environnementales par les techniques de ladite transition énergétique. Cette phase de terrain vise un double objectif de théorisation, en lien avec les autres projets de l’exploration ERVAT (notamment « repenser le béton dans la ville durable » et « justice et injustice de la réindustrialisation en zone industrialisation portuaire ») et d’intervention auprès d’acteurs institutionnels et industriels pour proposer des évolutions des manières de concevoir les infrastructures de la transition et des manières de les mettre en démocratie.
Ce travail vise également à pérenniser la démarche à travers des dépôts de projets pour donner une suite à ce travail, si possible sous forme de recherche action et/ou de recherche participative.
Réaliser deux études de cas sur la transition énergétique controversée en Bretagne : en enquêtant sur les pratiques d’ingénierie à l’œuvre, leurs valeurs, représentations et imaginaires.
Nourrir une réflexion critique sur la manière d’instaurer une transition juste depuis les territoires et sur les manières de les déployer auprès des acteurs impliqués, notamment chez les industriels.
Participer au dépôt de projets de recherche à l’échelle régionale et/ou nationale (ANR, ADEME, etc.) et participer à la recherche de partenariats pour le développement de l’exploration.
Enquête et ethnographie des mondes d’ingénieur.es de la transition énergétique officiant en Bretagne
Identifier deux cas d’étude susceptibles d’intérêt pour leur conflictualité particulière ou en raison des injustices environnementales fortes ou dilemmes éthiques qu’ils entrainent.
Enquêter sur les mondes d’ingénieur.es pour identifier les logiques de production de justice et d’injustice environnementale à travers les objets techniques.
Faire le lien entre les dynamiques de justice ou injustice environnementale et les choix d’ingénierie opérés : montrer les implications de la matérialité de infrastructures, des imaginaires sociotechniques, des choix et contraintes technologiques.
Participation à l’animation de la recherche et à la théorisation transversale de la « transition juste » depuis les territoires.
Contribution à l’état de l’art sur la « transition juste » et travail d’approfondissement d’un état de l’art sur la justice environnementale réalisée au laboratoire.
Participation à l’animation de l’exploration ERVAT avec le responsable d’exploration.
Restitution et mise en discussion des résultats avec les acteurs et populations concernées.
Encadrement d’un stage qui aura pour objet de travailler sur une étude de cas.
Production et valorisation scientifiques
Produire des contenus scientifiques issus de l’enquête postdoctorale.
Le·a candidat.e devra être titulaire d’un doctorat en sciences sociales (sociologie, STS, science politique, philosophie, géographie etc.) et témoigner d’un intérêt pour les questions techniques et mondes d’ingénieur.es. Iel devra notamment être en capacité de s’approprier un corpus théorique en Science and Technology Studies et entrer dans la technicité de dossiers d’ingénierie.
Une appétence pour le terrain ethnographique, les méthodes innovantes et/ou participatives et pour les mondes ingénieurs serait bienvenue.
Le·a postdoc étant intégrée à une équipe de recherche, les qualités d’adaptation, de travail en collectif et d’accompagnement/encadrement de stagiaires et ponctuellement de doctorant.es seront également appréciées.
La maitrise de l’anglais est indispensable, de même que la maitrise du français, langue de réalisation des enquêtes.
Le·a postdoctorant·e sera accueilli·e au sein de l’INSA Rennes (LFPC – Laboratoire de la Fabrique de pensée critique) et sera intégré·e à l’équipe ERVAT. Iel sera amené·e à collaborer avec des institutions publiques ou des industriels dans le cadre de projets de recherche communs, de prestation d’études.
Les candidatures (lettre de motivation, CV, diplôme) seront étudiées au fil de l'eau et devront être adressées au plus tard pour le 16 décembre 2025.
Informations complémentaires :
Prise de poste : dès que possible à compter du 05/01/2026
Contrat postdoctoral, contrat à durée déterminée (12 mois)
Temps plein
Rémunération forfaitaire
Nos recrutements sont fondés sur les compétences, sans distinction d’origine, d’âge ou de genre et tous nos postes sont ouverts aux personnes en situation de handicap.